Transition numérique dans le batiment : intelligence artificielle

Retour dans le passé de l immobilier

Qui n'a pas connu un problème grandeur nature, au moment de faire construire sa maison sur sous sol, de s'entendre dire que le terrain présente une déclivité telle que la maison sera surélevée côté nord qu'il faudra ajouter un escalier de 4 marches au moins, et que celui ci  ne figure pas sur le plan.

Autre  surprise  de taille, sur le même chantier,  en creusant les fondations, apparaît un rocher qui émerge en partie. Le sous sol est compromis, l'architecte attend l'étude de l'ingénieur béton. Celui ci fera sonder le terrain afin de déterminer la solidité des fondations, la résistance de l'assise dû au  tassement inégal de l'ouvrage dans le temps.

Dernière surprise, une réunion de chantier est  dépéchée de toute urgence, avec le maçon. L'artisan explique à l'architecte une anomalie : les plans sont faux !

Oui, si nous suivons le plan, nous allons construire une maison gigogne, déclare-t-il, Sans rire !!

Le rez de chaussée va descendre au sous sol, car les cotes sont fausses...

Cela peut paraître aberrant et pourtant cette aventure s'est déroulée en 1981. 

Essuyer les plâtres

Une maison dite d'architecte ressemble à s'y méprendre à un prototype, rien n'est pareil à la maison d'à côté. Les réunions de chantier hebdomadaires ne manquent pas de soulever des problèmes qui surgissent de nulle part. Par exemple, dans la salle de séjour nous aurons le choix entre la présence d'un poteau central ou une poutre traversante sous plafond parce que la portée est hors norme d'une dizaine de centimètres en trop.

Le poteau plus décoratif que la poutre sous plafond sera préféré.

Nous ne sommes pas dans un roman fiction mais bien, en train de feuilleter l'album de photos de notre construction d'une maison d'architecte que l'on imaginait personnalisée différente de notre pavillon de lotissement des années 70.

Réunions de chantier hebdomadaires

Qui n'a pas connu ce genre de problème?

Tout est derrière nous.

Fini les projets modifiés in situ, détournés du permis de construire original, le numérique, l'informatique, rend magique les réalisations des constructions de bâtiment moderne.

S'enrichir de ses défauts

Essuyer les plâtres, s'enrichir des erreurs de concept, voilà le jargon employé par l'architecte, quand il a signé l'achèvement des travaux de cette maison, en guise de sabler le champagne.

La maison virtuelle. Tous les corps de métier en même temps

Un immeuble à construire, c'est des kilomètres de fils électriques, de canalisations, de tuyaux de chauffage noyés dans les chapes de béton,  de colonnes sèches, de couloirs, de cloisons, autant de réservation en attente pour permettre le passage de gaines . Tous les corps de métiers interviennent les uns après les autres ou en même temps du gros oeuvre à la finition.

En effet, l'ordinateur grand calculateur modifie le champ de vision des experts du bâtiment. L'architecte qui a connu la PAO (programmation assistée par ordinateur) est dépassé.

Le projet est réalisé dans un monde virtuel, une maquette sera modélisée pour le confort du maître d' œuvre car la numérisation permet de voir autant les détails que l'ensemble de l'ouvrage avant même le premier coup de pioche sur le chantier.

Intelligence artificielle, robots et start up

Les repérages sur le terrain à construire sont réalisés par le survol de drones, qui retransmettent les informations avec précision au centimètre près, assurant le bon fonctionnement en aval.

Avant la pose de la première pierre, place aux technologies de l'information, aux objets connectés,  un fichier est créé ouvert au nom de la future maison individuelle ou immeuble collectif, le process est le même.

Dans le secteur des marchés publics, les décisions sont prises au niveau central, mais le fonctionnement de nos sites et services s'adaptent parfaitement, nous déclare le responsable du bureau d'étude.

La gestion technique , au service des corps de métiers facilite le travail sur la maquette qui apparaît sur le grand écran dans le bureau d'étude de l'architecte. Chaque responsable de corps de métiers, maçons, menuisiers, charpentiers, plombiers, electriciens, peintres, voiries et autres, vérifie le descriptif de leur intervention et voit en creux, ou en sur impression se dessiner l'avancement du chantier ainsi en live. On peut interrompre la vidéo quand un problème d'organisation entre les corps de métier pourrait contrarier le bon déroulement du chantier.

Les suggestions et simulations sont intégrées immédiatement à la maquette qui se modifie automatiquement gagnant ainsi un temps précieux. Hier encore, un incident aurait pu bloquer le chantier pour l'oubli de la réservation d'un passage de gaine par exemple.

Mise en oeuvre de la transition numérique

La créativité est sollicitée sans restriction et visible instantanément, des icônes en surimpression se détachent pour alerter telle complication technique qui découle en cascade de cette simulation. Tout peut être testé, et validé ou invalidé pendant quela maquette tourne en 3 D. On peut inspecter telle partie technique, se déplacer d'une pièce dans l'autre, voir l'encombremen des meubles, l'ouverture des portes. On peut contrôler les résultats des performances énergétiques, acoustiques, il est encore temps de changer la composition des matériaux, des revêtements et d'obtenir les écarts en terme de gain, de rapport  qualité prix.

Construction de la maquette virtuelle 

Quand la maquette donne toute satisfaction les responsables réunis, d'un clic appuie sur enter, alors les informations défilent par corps de métier.

Les commandes de matériaux s'affichent, quantités délais de fabrication et de livraison planning des interventions enchevêtrées en ménageant des tolérances entre chaque phase.

Le conducteur de travaux prend connaissance des informations sur sa tablette, le chantier peut commencer. Les informations circulent sur le site, les maçons assistés à l'instantané contrôlent le positionnement exact de tel pilier de tel coffrage, les lasers sont à l'œuvre. Les charpentiers assemblent les pièces de bois assurés sous contrôle en temps réel . Sous le casque du chef de  chantier la réalité virtuelle s'affiche dans la visière. On voit la partie en construction en surimpression de la maquette et signale les écarts avec l'ensemble, ce qui permet d'intervenir et de corriger tout de suite. Les ouvriers complètent un jeu de construction comme dans leur chambre quand ils jouaient aux Lego.

Le travail se déroule en toute fluidité les délais n'ont rien à voir avec les chantiers d'hier.

Entretien du futur bâtiment

L'ouvrage terminé, la livraison assurée dans les délais, vient maintenant le temps de la maintenance. Les plans, les fichiers numériques sont archivés dans les sauvegardes open-data départementales. Il sera toujours possible à distance d'échanger entre les différents intervenants l'un sur place dans le bâtiment à pied d'œuvre et l'autre à  la consultation de  la maquette, ouvrant le local technique à l'écran pour explorer les modules électroniques en cause. Fini la recherche des plans, les ajustements intervenus non répertoriés, le monde est connecté.

Immobilier  d'un monde à l'autre

Moi qui vient du milieu du siècle dernier, combien de chantiers ai je vu les pieds dans la boue, la pose des chaises sur le terrain, approximatives car le terrain ne correspondait pas aux mesures répertoriées sur le cadastre. Le terrassement subissait des prises d'initiatives arbitraires.

En regardant dans le casque la vision en 3D, je pense qu'il n'y aura plus de suspense, plus de prise de risque, plus de constat de malfaçons, tout sera nickel. Mais alors l'ouvrier assisté du robot, ne sera t il pas robot lui même sous la surveillance bienveillante du bureau d'étude qui interprète ses pensées faute de capteurs pour le retour du son.!!!