Dans un contexte financier complètement inconnu à ce jour, la pratique des taux d' intérêt négatifs bouleverse les habitudes bancaires. . Beaucoup de facteurs participent à la formation de ces taux inédits.
Les cours de l'Or profitent de cette situation. Depuis le printemps 2019, les cours ne cessent de progresser. En effet, de manière purement mécanique la valeur refuge joue son rôle pleinement. Pour cela plusieurs raisons concomitantes interfèrent. Tout d'abord la récession de 2008 jugulée reste en surveillance grâce aux efforts des banques centrales. La BCE qui intervient grâce à la Quantitative easing, c'est à dire en rachetant les dettes publiques souveraines des Etats de la zone euro, injecte des liquidités sur le marché monétaire. Bien que cette fonction d'achats d'actifs régresse depuis fin 2018, son rôle est des plus importants, notamment en imposant son taux Directeur autour de zéro.
Les liquidités se portent sur les achats d'or qui rivalisent avec les placements à taux négatif. Une opportunité inattendue pour les investisseurs du métal jaune.
Les pays dont l'etat français empruntent par émission d' obligations d etat à 10 ans à taux négatifs. Une opportunité que saisit l' Allemagne, aussi, alors qu'elle rencontre des difficultés de plein emploi. La Deutshe Bank déclare supprimer 1.800 emplois .
Plus de 800 milliards d'euros d' emprunts d etat sont émis à taux négatifs à travers le monde. Les investisseurs qui cherchent la sécurité sont prêts à payer un pays qui emprunte à taux négatifs, plutôt que d' acheter des actifs plus risqués.
Les niveaux des taux d' intérêts sont tels qu'à court terme les taux pratiqués sont négatifs. Les économistes sont partagés.
Pour d'aucuns c'est une opportunité qui n'est que passagère , car les politiques monétaires reviendront à des taux positifs tôt ou tard.
Pour d'autres, c'est réellement une opportunité à emboîter le pas sur le long terme.
Ils sont en revanche d'accord pour considérer négativement l'impact sur la santé des banques. Cela suppose un positionnement nouveau que les banques puissent appliquer une marge profitable entre deux taux négatifs.
Ce qui est déconcertant serait de faire coexister deux systèmes de prêts, les uns à taux positifs et les autres à taux négatifs. De plus la culture des taux variables en France n'est pas encore entrée en vigueur.
Les banques centrales conscientes du risque de récession ou de moindre croissance maintiennent cette situation à défaut d'innovation. La baisse des taux provoque ce décalage qui atteint son paroxysme.
En effet, un investisseur s'attend à recevoir des intérêts ou une plus-value en contrepartie de son investissement au terme du contrat. Or, ici le même investisseur ne reçoit rien, mieux il ne recevra qu'une partie du capital prêté à l'issu du contrat. C'est l'emprunteur qui perçoit des intérêts pour cette transaction.
C'est logique, parait-il, la qualité de l'emprunteur prévaut à tel point que l'investisseur s'acquitte d'un paiement en contrepartie de la certitude de compter sur le parfait remboursement au terme.
Une dette qui améliore la position de l'emprunteur est un concept nouveau, qui va à contre sens des fondamentaux économiques.
De plus, cet encouragement à l'endettement entraîne de facto un caractère expansionniste de la politique monétaire. Les banques commerciales transforment les dépôts successifs en prêts nouveaux. Ce mécanisme de création de la monnaie était contrôlable avec des taux d'intérêt positifs.
De fait, les taux négatifs amplifient la distribution des crédits. Réduire la dette avec un coût négatif renvoie la question économique de bon sens, envers les banques centrales qui ne disposent plus guère que de leur taux Directeur pour revenir à la raison.
Pourtant financer la transition écologique, se lancer dans l'innovation et la recherche énergétique seraient un très beau projet. En effet, la logique d'hier nous obligeait à réfléchir sur le retour sur l'investissement et donc de recourir à des marges bénéficiaires le plus rapidement possible.
Or, les emprunts à taux d' intérêt négatifs permettent un amortissement moins coûteux, sauf à recourir à la participation de fonds de pensions, qui réduisent la part d' indépendance.
L Etat Français emprunte à taux négatifs à l'image de l'Allemagne, la suisse ou le Japon, sur une durée de 10 ans toutefois. Il faut donc payer pour épargner en obligations de l' Etat Français.
Les taux d'intérêts au plancher sont un secours appréciable côté courtier en crédit immobilier. Les coûts de crédit étant moindre ce sont davantage de mètres carrés financés avec le même pouvoir d'achat.
Le commissionnement du courtier reste stable, avec une possibilité de financer les honoraires de courtage (compte tenu du TAEG allégé) en partie par des intérêts plus faibles.
Les banques sont incitées plus que jamais à distribuer du crédit immobilier qui correspond à un besoin réel. Ainsi l'adage qui veut que lorsque le crédit est bon, l'économie est bonne aussi, se vérifie . A noter que les banques s'adaptent rapidement depuis déjà quelques mois. La remise en cause de l'assurance emprunteur a bousculer les habitudes en même temps que les marges.
La délégation d'assurance emprunteur qui se profilait comme la réponse inéluctable à l'ouverture de ce marché à la concurrence, se retrouve à nouveau sous contrôle des banques qui ont traité des accords avec des assureurs commerciaux . La banque garde l'initiative de la distribution de l'assurance emprunteur, le client emprunteur se voit proposer des conditions avantageuses sans faire de démarches. Quant à l'assureur son problème de recherche de clientèle est solutionner par l'apport de celle ci par la banque.
Les pouvoirs publics restent en marge de cette "révolution" des temps modernes. Le ministre des finances pose la question de réfléchir ensemble au niveau Européen. Les taux négatifs ne doivent pas devenir la drogue de l'endettement à tout va.
A l'évidence les taux d'intérêts sont un volet du dossier économique. Il y a un corollaire avec l'épargne jusqu'ici indispensable à l'alimentation des crédits.
Ne pas oublier que la récession s'annonce au travers de l'inversion des courbes qui pourrait apparaitre entre taux court terme et taux long terme. La logique veut que les taux longs soient calqués sur les taux courts auxquels on rajoute un coût supplémentaire lié au risque et à la durée à courir. Donc les taux longs doivent être supérieurs aux taux à court terme.
Cette logique est bousculée lorsque les taux courts sont supérieurs au taux longs. C'est le cas actuel apparu aux Etats Unis. Cette remarque est prise très au sérieux, car elle s'est vérifiée dans le passé annonçant une récession dans un délai de quelques mois. Cette notion est donc très surveillée.
Le financement de l'immobilier à tout va n'est pas sans risque non plus. La distribution de crédits par la création de monnaie favorise la montée des prix de l'immobilier en jouant sur le déséquilibre offre et demande. Cet état de fait doit nous mettre en garde contre la formation d'une bulle immobilière.
Donc taux zéro, avec une inflation proche de zéro, mais une croissance qui faiblit tout autant, nous oblige à réfléchir aux conséquences des taux négatifs sur la macro-économie. Les banques centrales n'ignoraient elles pas que le passage du taux Directeur de zéro à négatif ouvrirait qui sait ? la boite de Pandore.
Toutes ces questions sont certainement examinées sous tous les angles. La crise de 2008, innovante au regard de 1930, renferme une part de mystère dans la stratégie déployée. La BCE joue son rôle de gendarme de la finance certes, les marchés financiers, les marchés monétaires sont inter-dépendants, le refinancement des banques de dépôts rendent la lecture économique de plus en plus difficile voire complexe.
Vivre avec le système de financement traditionnel en ouvrant les vannes des crédits à taux négatifs trouble la lecture comptable et la notion habituelle de l'amortissement. En même temps, s'agit il de s'engouffrer plus à fond dans ce nouveau système ou préparer le retour au financement classique .
Oui, on peut l'imaginer, cette limite serait à considérer, lorsque l'investisseur arrivé à un certain seuil se détourne du placement coûteux et se décide à cesser de payer et préférer détenir, en définitive, son argent en monnaie sonnante et trébuchante. Le retrait des fonds massifs a existé mais ne correspond pas à cette éventualité. Les taux négatifs sont nouveaux, faut il le préciser.
Ces scénarios tenant plus de la panique que de logique économique perturberait certainement les banques centrales . Ces dernières feraient face à un assèchement des liquidités. Cette hypothèse reste du domaine exploratoire sans nul doute, car d'autres phénomènes surgiraient aussi. Les cours des valeurs mobilières, du métal jaune la création de bulle par report inconsidérée d'une situation vers une autre soit en guise de refuge ou au contraire en actifs plus risqués.
Les épargnants ne trouveront pas leur place dans aucune des situations, car hier l'inflation était leur pire ennemi. Aujourd'hui la disparition de la rémunération d'un placement au prétexte de conserver son pouvoir d'achat n'est que temporaire, toutes choses égales par ailleurs.
Aussi faut il voir les particuliers, les entreprises et d'une manière générale les investisseurs réagir en fonction des intérêts convergents . Ces interconnexions à l'échelon du pays pourraient générer des situations inattendues pour le systême financier autant que pour l'économie
Le désordre entre taux positifs et négatifs peuvent impactés l'épargne d'une manière générale. A ce sujet les caisses de retraite, les dépôts de l'assurance vie ou les fonds de pension seraient sensibles à tout mouvement économique .
En définitive, les taux négatifs n'ont pas jusqu'ici donner toute l'importance de leurs effets, ni de leur nuisance. Accentuation des bulles financières, mobilières, immobilières, risque de voir les prémices de récession par les écarts anormaux entre taux à court terme et taux à long terme, et enfin l'inflation reste un élément non négligeable même si ses effets sont connus et somme toute bien maîtrisés.
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